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elle aurait tout ignoré de son fils dont les billets ne lui apprenaient rien.

Quant aux lettres de Chicago, elles apportaient aux recluses de vives narrations écrites par Reine avec une verve jaillissant de source, et chargées de détails dont M. et Mme Limet étaient avides jusqu’à les venir chercher à la maison Maudhuy. Ils n’avaient pas assez des lettres que leur fille leur adressait, il leur fallait encore ces nouveaux témoignages de son bonheur pour qu’ils se consolassent de l’avoir mariée si vite et si loin.

— Elle vous avait affirmé qu’elle ne ferait pas de confitures à Sennecey, dit Cécile à Mme Limet, un soir de février que celle-ci était venue savourer la lecture d’une lettre de Reine.

Mme Limet fit un signe à Mme Maudhuy qui tricotait au coin du feu et qui répondit par un signe d’assentiment.

— Et vous, mademoiselle Cécile, continua la femme du notaire, vous vous résignez donc à ce qui était le cauchemar de ma fille ? Vous ne vous ennuyez pas à Sennecey ?

— J’y suis auprès de ma mère, Madame, répondit Cécile avec cette douce gravité qui, peu à peu, avait remplacé dans son attitude et jusque dans le son de sa voix la grâce légère de la jeune fille.

Cécile était femme désormais, après la crise morale qu’elle avait traversée. Elle y avait cruellement fait le décompte de ce que valent les sentiments humains et apprécié le bas alliage qu’y