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— Je suis sûr que non, et la preuve que Carloman en a été nanti, c’est qu’il ne vend aucune de ses terres et qu’il en laisse la régie à Julien Trassey. Quand je lui ai demandé pourquoi il se résignait aux maigres revenus d’un bien-fonds aussi considérable, il m’a répondu : « J’ai promis à mon oncle, sous certaines conditions, de garder cinq ans les terres qu’il me laisserait, et de ne m’en défaire qu’après ce terme expiré… » Mais c’est là une défaite. Pourquoi ce délai de cinq ans ? et quelles ont été ces conditions secrètes ? Carloman ne raconte que ce qu’il veut et je ne suis pas tenu de le croire à la lettre. S’il laisse dormir un tel capital, c’est qu’il emporte en Amérique des valeurs au moins équivalentes qui ne lui ont été données qu’en faveur de son mariage avec Cécile. Comment expliquer autrement la part illusoire de ma sœur dans le testament ?

Après s’être longtemps appesanti sur ces considérations pécuniaires, Charles en revint à ses questions au sujet du futur mariage. L’avait-on décidé ? Pouvait-on en fixer la date ? Il avait hâte, quant à lui, de quitter ce trou de Sennecey.

Cécile s’arma de courage et dit à son frère :

— Le mariage est avancé en effet, et si je ne me trompe, c’est en ce moment que l’on convient du jour de la cérémonie. Je l’apprendrai tout à l’heure, et des premières, en ma qualité de demoiselle d’honneur.

— Ah ! c’est Reine Limet qui est la fiancée !