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— Mais c’est lui qu’on accusera d’être amené au chevet du malade par une cupidité d’héritier, s’écria Mme Maudhuy. Voilà ce que je redoute. Vous ignorez quel homme ombrageux est l’oncle Carloman. Ah ! pourquoi, dans ma faiblesse maternelle, ai-je laissé prendre à mon fils depuis quelques années le rôle de chef de famille ! Vous avez vu comment il a décidé son départ sans même me consulter. S’il m’avait demandé mon assentiment, s’il m’avait laissé le temps de réfléchir, ou bien si je n’avais pas perdu l’habitude de tout diriger, c’est moi qui serais partie à sa place et j’aurais su m’arrêter à Châlon ; ou mieux encore, avant de me lancer en route, j’aurais télégraphié pour demander si ma présence était souhaitée. Cette promptitude de Charles est capable de nous perdre.

— Mais, Madame, dit Albert Develt, cet oncle Carloman… — il ne pouvait pas encore prononcer ce nom sans un peu d’emphase ironique — serait un bien méchant homme et un spécimen unique dans la classe à jamais vénérable des oncles à héritage s’il déshéritait Charles à cause de son empressement à l’aller visiter. Et puis, quelque machiavéliques que soient les manœuvres de ce Julien Trassey aidé de son notaire, il y a des lois contre la captation au détriment des héritiers naturels.

— Oh ! je ne crois pas du tout que M. Limet, le notaire, soit l’allié de Julien Trassey, s’écria Mme Maudhuy.

— Cette affaire, reprit le jeune homme, est fort