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pressement, semblaient se quitter à regret et se prodiguaient des poignées de main énergiques.

Mme Maudhuy s’était excusée sur son deuil de ne pouvoir accepter ni pour elle ni pour ses enfants les invitations à dîner que M. Limet lui renouvelait avec instances, de semaine en semaine ; moins méticuleux en fait d’étiquette, Carloman n’infligeait pas à son nouvel ami la mortification d’un refus. Il dînait un soir, pour la troisième fois, chez le notaire, lorsque Charles, inquiet de certains symptômes, voulut avoir le cœur net de ses craintes et apprendre de la bouche même de sa sœur où en était l’affaire de son mariage.

— J’ai hâte de m’installer à Paris, dit-il, et comme je sais que les affaires de mon cousin le rappellent, à bref délai, en Amérique, il faut conclure sans tarder. N’est-ce pas aussi l’avis de ma mère ?

Sans être initiée au mot de la situation, elle avait mieux compris que son fils pourquoi Cécile avait pris avec son cousin cette familiarité que donne une affection fraternelle admise aux plus intimes confidences ; mais elle était loin de penser que sa fille eût prié Carloman de lui épargner, de la part des siens, des instances pénibles et l’eût adjuré de renoncer de lui-même au mariage projeté, en lui promettant en retour son amitié reconnaissante. Mme Maudhuy accusait la coquetterie de Reine Limet de tourner la tête à son neveu, et n’eût été la crainte de jeter un mauvais levain dans la sérénité