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trop d’émotion coup sur coup. Au moment où Reine lui disait en souriant :

— Si nous voisinions un peu au petit logis ? J’en prends la responsabilité et le blâme pour décharger votre conscience.

Cécile lui serra le bras et lui fit opérer une brusque volte-face.

Qu’avait-elle fait au sort pour que chacun, sciemment ou non, s’acharnât à la torturer ?… Une révolte la saisit, et elle murmura entre ses dents :

— J’ai bien le droit, j’espère, de faire élever un mur à la place de cette haie…

Ce mouvement était une telle violence à sa douce nature, que la réaction ne tarda pas. Cécile fondit en larmes. Reine lui prodigua des caresses amicales, tout en gardant assez de tact pour s’abstenir de questionner sa jeune amie sur la cause de ce chagrin subit, après des paroles extraordinaires qui signifiaient pour Reine autre chose que ce qu’elles disaient en réalité. Mais Cécile coupa court à ces conjectures ; gagnée par un besoin d’expansion, elle raconta la péripétie délicate que l’entrée de son amie au salon avait si heureusement interrompue. La contrainte morale qu’elle avait subie à écouter aussi longtemps des sollicitations inutiles, et la contrariété d’une nouvelle lutte avec sa famille sur cette question de son mariage, suffisaient à expliquer ses larmes sans que Cécile allât au bout de sa confidence.