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son fils et les protestations cordiales de son neveu, lorsque Nannette, restée au service de la maison annonça la visite de Mlle Limet.

Ce fut pour Cécile une occasion de rompre cette scène pénible ; elle emmena sa jeune amie au jardin, quoique la promenade ne fût guère agréable par la bise qui secouait les arbres dépouillés de leur feuillage.

— Je crains de vous avoir dérangés, lui dit Reine ; j’ai fait au salon le personnage d’un fâcheux.

— Au contraire, vous m’avez tirée de peine, et je vous remercie d’être venue, lui répondit Cécile.

Sans qu’elle s’en avisât, tant elle était encore préoccupée de ce qui venait de se passer, Reine dirigeait leur marche vers la haie du petit logis. Elle ne s’en aperçut qu’au moment où il lui fallut subir le salut de Julien Trassey qui tournait autour de la pelouse. Cécile ne l’avait pas revu depuis la nuit où il s’était introduit dans la maison pour y dérober — pouvait-on employer une expression moins dure ? — les deux volumes du dictionnaire de Chomel. Pour parvenir à ne pas rencontrer un voisin si proche, la jeune fille avait dû combiner tous les moyens de l’éviter : elle s’était interdit le côté du parterre qui longeait la haie et, pour ses rares sorties dans le bourg, elle avait choisi les heures d’absence du jeune homme.

Le revoir tout à coup, recevoir de lui ce salut respectueux, attendri, d’après lequel le regard de Julien semblait implorer quelques mots, c’était