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faire abandonner une situation qui représente tous les efforts de son père et les siens pour relever leur fortune. La patrie d’une femme, c’est le pays où son mari peut faire prospérer une famille. Cécile doit par conséquent suivre Carloman à Chicago. La seule chose que je conçoive, c’est qu’elle ait du chagrin à se séparer de sa mère ; mais notre oncle semble avoir prévu ce cas en chargeant notre cousin de servir à ma mère ses rentes viagères, au lieu de m’en laisser le soin. Il a pensé qu’elle ne consentirait pas à quitter Cécile et que son gendre, chez qui elle vivra, sera mieux placé que moi pour lui payer ses annuités.

Mme Maudhuy écoutait, le cœur gros, ces phrases entortillées qui l’expédiaient en Amérique. Quoi ! son fils se débarrassait d’elle si lestement ! Voilà pourquoi il fronçait le sourcil chaque fois qu’elle faisait allusion à son prochain départ pour Paris, pourquoi il parlait d’une installation nouvelle plus près du centre des affaires, en laissant tomber, sans y répondre, les recommandations de sa mère au sujet de l’aménagement intérieur qu’elle souhaitait. Charles voulait vivre seul. Sa mère était de trop dans la nouvelle phase de son existence. Ah ! Mme Maudhuy n’avait pas soupçonné que la succession de l’oncle Carloman scinderait ainsi leur union de famille. C’était une punition de tant de vœux faits pour que Charles fût favorisé entre tous les héritiers.

Mme Maudhuy restait entre ce coup porté par