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pouvait posséder le type de gai bon sens, de tendresse spirituelle que je rêvais… et que je trouve en vous, ma cousine.

Cécile hochait la tête à cette appréciation. Carloman la voyait telle qu’il la désirait, et non pas ce qu’une cruelle épreuve l’avait laissée en réalité. Il était loin, le temps où Cécile avait ressemblé au portrait que faisait d’elle son cousin. Belle insouciance de jeunesse, gaieté animée de naïfs espoir et ignorante de tout mal, ces fleurs de l’âme qui ne s’épanouissent qu’une fois avaient été fauchées, ne laissant à la jeune fille que l’amertume des biens perdus.

Mme Maudhuy et Charles rentrèrent enfin, avec des mines radieuses. Il fallut en rabattre. Carloman recourait à eux, se plaignant de n’être pas habile à persuader. Mme Maudhuy imposa silence à Charles qui s’emportait déjà contre ce qu’il nommait une minauderie de sa sœur, et comme le seul côté fâcheux que reconnût Mme Maudhuy à ce mariage était l’établissement de son neveu à Chicago, elle dit à sa fille :

— Carloman renoncerait à résider en Amérique si tu l’exigeais. Il ne s’agit donc pas pour toi d’être exilée loin des tiens. C’était là ce qui te contrariait, je le comprends.

Charles répliqua du ton bref, saccadé, qu’il adoptait depuis quelques jours :

— Pas de sensiblerie déraisonnable. Ce serait abuser de la faiblesse de notre cousin que de lui