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échange de celui qui s’offrait à elle et qui s’affirmait loyal et dévoué ! Elle estimait trop Carloman pour lui laisser prendre en retour un cœur flétri par la mésestime de ses propres entraînements. Mais cette raison secrète de son refus était la seule qu’il fût impossible d’exprimer, et dans ce tête-à-tête trop prolongé à son gré, elle ne put répondre aux instances de Carloman que par des objections tirées de leur deuil récent et de leur ignorance mutuelle des convenances de leurs caractères.

— Ma chère Cécile, lui dit Carloman, votre première objection tombe devant ce fait que notre mariage a été la dernière préoccupation de notre oncle. Il le bénira par-delà le tombeau, si Dieu accorde aux morts la grâce de savoir accomplis leurs vœux terrestres. Quant à votre seconde objection, elle m’embarrasse d’un côté seulement, car je ne puis pas vous chanter mes louanges. Je n’ai pas besoin de vous connaître davantage pour savoir que je puis vous confier mon bonheur. Tout ce que mon oncle m’a dit, tout ce que je vois de votre caractère réalise ce que je souhaitais dans ma femme. Mon passé, que je veux vous soumettre, se résume en peu de mots : j’ai travaillé à édifier mon nid de famille. Je n’ai ni perdu mon temps ni gâté ma jeunesse dans ces plaisirs malsains qui font qu’un homme arrive au mariage déjà blasé. Mon but, que l’oncle Carloman connaissait, était de conquérir une aisance qui me permît de me donner une compagne. Je la voulais Française ; une Française seule