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Ce promeneur qui allait et venait, non pas sur la terrasse mais à l’entrée des parterres, était plus grand, plus élancé que Charles. C’était Carloman, ou Julien. Cécile n’osa pas décider. Il allait à pas inégaux ; dressant la tête par moments, s’arrêtant par saccades. Enfin il marcha vers la maison. Cécile ne pouvait distinguer ses traits ; la lune était cachée sous une bande de nuages ; mais à son allure, à l’émotion qui la poignait au cœur, la jeune fille devina que c’était Julien. Que venait-il faire ? Oh ! sûrement, il n’entrerait pas dans la maison.

Cécile se pencha sur l’appui de la fenêtre ; elle se retenait de respirer. Julien était juste au-dessous d’elle, devant une des fenêtres ouvertes de la chambre mortuaire… La jeune fille se rejeta en arrière… Ah ! elle aurait voulu n’en pas croire ses yeux. Cette profanation devant laquelle Charles avait reculé, Julien allait donc la commettre ? Il avait sauté par la fenêtre basse, comme elle-même le lendemain de son arrivée à Sennecey.

Qu’allait-il faire dans cette chambre ? Il n’était pas vraisemblable qu’il y pénétrât de nuit, en cachette, pour y pleurer son parrain. Et s’il n’était entré par là que pour s’introduire plus avant dans la maison, il rencontrerait Charles. Que se passerait-il entre eux ? Glacée de terreur, Cécile se cramponnait, pour se soutenir, à l’appui de la fenêtre. Elle écoutait, mais n’aurait pu regarder. Un voile était sur ses yeux…