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De guerre lasse, après une discussion qui dura près d’une heure, Cécile livra à Charles les clés des meubles du salon ; mais elle garda celles qui ouvraient le bureau et la commode de la chambre de son oncle. Elle ne voulait pas qu’une main autre qu’une main pieuse touchât aux correspondances, aux menus souvenirs, à ces humbles dépouilles sans valeur vénale et qui ont tant de prix pour le cœur.

Cette scène avait fait tant de mal à la jeune fille qu’elle pleura longtemps, assise près de son lit, la tête enfouie dans le couvre-pieds, après être restée seule. La pendule qui sonna deux heures du matin lui fit secouer la torpeur qui avait suivi cette crise de larmes.

Sa lampe était éteinte ; dans la cheminée, les bûches s’étaient écroulées en un amas de braise qui luisait encore. Cécile éprouva le besoin de respirer un peu d’air frais. Elle ouvrit sa fenêtre, mais au moment de dégager les persiennes fermées en soulevant leur ressort, elle crut entendre un pas léger sur le sable de la terrasse.

Qui pouvait se promener là à cette heure de nuit, devant les fenêtres ouvertes de la chambre mortuaire ? Charles était-il tenté d’y pénétrer ou venait-il simplement demander à l’air de la nuit un rafraîchissement à sa fièvre ?

Cécile attendit un instant ; puis avec beaucoup de précautions, elle entre-bâilla les persiennes de façon à ce que la fente de leur baie lui permît un regard.