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je l’ai ressaisie, et je vous avoue que j’ai mieux pleuré mon père et ma mère à l’enterrement de mon parrain que je ne l’avais fait lorsque je les ai perdus. Alors, ils me laissaient accablé sous l’effroi de suffire seul à la tâche que nous avons entreprise à trois. Leur mort m’avait serré le cœur ; je m’étais raidi contre le chagrin pour ne pas y laisser crouler mes facultés. Hier, je me suis abandonné, j’ai pleuré trois Maudhuy à la fois. Je m’en ressens aujourd’hui et si vous êtes tous d’avis d’aller nous reposer de bonne heure, je n’y contredirai point.

Charles s’empressa d’abonder dans ce sens et la procession des bougeoirs s’opéra par l’escalier. Mais les portes des chambres étaient à peine refermées lorsqu’on frappa à celle de Cécile.

Mme Maudhuy entra, suivie de son fils dont l’agitation n’avait fait qu’augmenter. Il roulait ses yeux de côté et d’autre, piétinait sur place.

— J’ai soif, dit-il à sa sœur, donne-moi un verre d’eau sans sucre.

En servant son frère, la jeune fille lui dit :

— Tu as tort de boire de l’eau pure. Ta main tremble et voilà que tes dents claquent sur le verre.

Il avala d’un trait la boisson et se tournant vers sa mère :

— Est-elle niaise, cette grande fille ! dit-il.

Ce fut Mme Maudhuy qui expliqua à Cécile de quoi il s’agissait. Cécile subit de longs préliminaires avant de savoir au juste pourquoi Charles passait