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voir ; M. Limet l’arrêta par le bras en lui disant :

— Qu’y a-t-il donc ?

Le docteur, ému, ne put répondre que par un geste : il baissa en même temps, d’un mouvement pesant et lent, la tête et la main ; puis il partit d’un pas inégal. Mais ce geste avait été compris. Charles lui-même s’arrêta un instant sur le seuil de cette maison que la mort venait de visiter.

— Où est Cécile ? demanda Mme Maudhuy quand, tous trois, ils eurent surmonté cette pénible impression qui les avait immobilisés sur place.

— Mlle Cécile ? répondit la grosse Nannette qui traversait le vestibule en s’essuyant les yeux avec le creux de sa main, elle est venue à temps, la bonne demoiselle, pour revoir notre pauvre monsieur. Il l’attendait,… on aurait dit qu’il l’attendait pour passer tranquillement. Il l’avait tant demandée ! Elle l’a embrassé ; il l’a regardée tout doux en baissant sa tête vers elle ; il a levé un peu ses mains en l’air pour dire adieu à ses deux filleuls et à Mme Trassey ; puis il a voulu regarder encore Mlle Cécile qui lui parlait ; mais ses yeux ne voyaient plus qu’en dedans, et il est parti, le cher homme ! en souriant à sa nièce, sans agonie, comme quelqu’un qui s’endort. Ah ! mon pauvre maître ! Jamais je n’en retrouverai un pareil !

Et Nannette se reprit à sangloter.

— Voulez-vous entrer ? dit le notaire à Mme Maudhuy et à son fils en leur désignant la chambre mortuaire.