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sont à lui, et non pas à nous, et je lui reconnais la liberté de tester pour qui bon lui semblera. Pourquoi ne serait-ce pas en faveur de Julien Trassey qui a vécu près de lui et qui peut être considéré comme son fils adoptif ? Que nous doit-il, notre oncle, sinon des bontés pour les fils de ses frères, des conseils si nous recourons à son expérience, un accueil cordial si nous allons le visiter, et à la rigueur, puisqu’il est riche, des secours au cas où, dénués de tout, nous aurions besoin de son aide ? Là se bornent pour lui ses devoirs envers sa parenté. De ce qu’il est notre oncle et que nous nous appelons Maudhuy comme lui, il ne s’ensuit pas qu’il soit tenu de nous léguer tout ce qu’il possède s’il en trouve un meilleur emploi.

— Mais cette doctrine, s’écria Charles, est subversive de l’ordre social.

— Tel que vous l’entendez, répliqua Carloman avec quelque hauteur dans le ton.

— Elle détruit la famille.

— Pardonnez-moi : elle ne détruit que les compétitions de cupidité ; elle n’annulle que cette odieuse attente de la mort qui est si bien en usage en France qu’on l’y désigne sous un euphémisme expressif : Des espérances ! — Excusez-moi, Charles ; ce n’est pas contre vous que je m’anime, mais contre un travers si bien passé dans les mœurs françaises que chacun en est imbu en naissant dans ce pays et que personne ne s’avise de réagir contre le cynisme de cette avidité qui se repaît des morts, comme un