Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fumer un cigare pendant que ces dames feraient leurs malles pour le départ matinal du train direct, et là, il exposa à l’Américain ses craintes au sujet de la succession de l’oncle Carloman.

Il parla longtemps, étudiant ses périodes, ménageant ses termes, exposant en tacticien consommé les diverses manières dont ils pouvaient être lésés, et les moyens de défense qui paraient à ces attaques. Il faisait de temps à autre une pause, autant pour rassembler ses idées que pour attendre de son cousin un mot d’approbation ; mais Carloman se taisait ; son cigare qu’il fumait rapidement l’entourait d’un nuage de vapeurs dès que l’orateur se tournait vers lui en finissant sa démonstration et Charles en fut réduit à lui demander quel était son jugement particulier sur la situation.

— Votre expression est juste, mon cousin, répondit Carloman après avoir jeté sur la dalle de la terrasse son cigare qu’il écrasa sous son talon avec plus de force que cette opération n’en exigeait. Mon jugement sur cette affaire va vous sembler très particulier, mais on ne vit pas en Amérique sans en rapporter des idées qui choquent les gens de l’ancien monde. L’étonnement d’ailleurs est réciproque. J’ai si bien oublié les us et coutumes de France, moi qui me pique d’être resté Français de cœur, que je me retenais tout à l’heure de rire, de me moquer, et presque de me mettre en colère pendant que vous parliez de notre héritage, de nos droits à défendre. Les biens que notre oncle possède