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riage de sa sœur avec le troisième héritier de l’oncle Carloman. Il ne savait pas encore comment il s’y prendrait pour conjurer ce danger ; mais à coup sûr, il ne fallait pas laisser s’accentuer l’intimité avec ce jeune parent. Puisque Cécile refusait avec obstination Albert Develt, il ne fallait pas lui laisser trop voir ce nouveau prétendant qu’elle serait capable d’agréer par dépit contre son frère. Une fois Carloman écarté, puisque Cécile s’accommodait de la vie modeste auprès de sa mère, on la laisserait prendre tout doucement le goût du célibat qui convenait à son naturel réservé. Il fallait se résigner à n’avoir que deux parts d’héritage ; mais Charles les gérerait toutes deux si sa sœur ne se mariait pas.

Sous l’influence de cette idée qui s’imposait à lui pour la première fois, Charles fut d’une prévenance inaccoutumée auprès de Cécile tant que dura le dîner. Par contre, il tint son cousin à distance ; mais Mme Maudhuy se montrait aimable pour deux. Elle ne tarissait pas de questions sur le voyage de son neveu, sur sa situation de fortune dont elle s’informait avec un tendre intérêt.

Au dessert, elle proposa de fêter le convive à l’ancienne mode bourguignonne en trinquant à sa santé :

— Je veux vous porter ce toast, lui dit-elle, avec l’excellent clos-Vougeot réservé aux grandes solennités. C’est un présent de l’oncle Carloman, car vous pensez bien que notre peu de fortune m’empêche de meubler notre cave de vins aussi coûteux.