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celles qu’elle passait le matin dans sa chambre, à lire ou à travailler auprès de sa fenêtre. La corbeille ordinaire ouvrait sur sa table ses fleurettes lilas à fleur jaune rayé de brun et les traînées de sa verdure caressaient au passage les doigts de la jeune fille quand elle prenait sur la table ses menus ouvrages de couture. Elle se penchait parfois sur la corbeille, pour y aspirer ce parfum végétal des fleurs qui n’ont pas d’arôme particulier ; elle y sentait des émanations de Sennecey, perceptibles pour elle seule et qui l’attendrissaient. Cette herbe fleurie, cette terre du jardin de son oncle, cette corbeille d’osier qui lui était plus précieuse que la plus somptueuse jardinière, représentaient pour elle une courte époque de bonheur qu’elle payait cher maintenant.

Fidèle aux engagements qu’elle avait pris avec elle-même le matin de son départ de Sennecey, Cécile se défendait de laisser aigrir son cœur par une révolte ouverte contre la pression exercée sur elle : sa résistance était passive, et quand elle devait s’examimer, c’était avec une mesure qui valait à Cécile de la part de Mme Maudhuy le nom de « douce entêtée. »

Les moments les plus pénibles pour la jeune fille étaient ceux qui précédaient et qui suivaient les visites d’Albert Develt. Charles amenait son ami une ou deux fois par semaine. Cécile avait à expier par de dures ironies son maintien froid qui avait placé sur les lèvres de son prétendant les protesta-