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sias balourds, de bégonias portant leurs feuilles à la façon dont les éléphants portent leurs oreilles. Au-dessus planait le feuillage d’arbustes de serre tempérée. Mais ce fut en vain que Charles voulu faire admirer à Cécile ce nouveau décor de la terrasse ; elle ne sut que déplorer la perte de ses anciennes cultures, et elle laissa languir faute d’eau et se dessécher en peu de jours les présents de l’ami de son frère. C’était la seule manière de témoigner qu’elle ne les acceptait pas.

Ces plaintes, ce refus d’adopter par ses soins les fleurs d’Albert Develt valurent à Cécile de fortes remontrances. Charles blâmait Mme Maudhuy de n’avoir pas su réduire la résistance de sa fille, et il mettait ses théories en action. Cécile fut soumise au régime de deux querelles par jour. Son frère ne paraissait à la maison que pour reprendre l’éternel sujet des torts de Cécile, pour lui prouver qu’elle n’aurait pas un jour de tranquillité tant qu’elle ne renoncerait pas à son caprice dédaigneux. Dominée par son fils, Mme Maudhuy le secondait dans cette persécution morale, mais avec moins d’âpreté. Elle reprenait Charles quand l’emportement de celui-ci passait les bornes, car elle se promettait plus de la persuasion que de la colère. Au fond, elle était convaincue qu’elle travaillait au bonheur de Cécile. Les façons insinuantes d’Albert Develt l’avaient gagnée, autant que la chance inespérée de marier sa fille avec une jolie dot.

Cécile n’eut bientôt plus d’heures paisibles que