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sa fortune qui lui interdisait les gros gains et ne lui permettait que d’insignifiants bénéfices. C’est dire que les allées du bois représentaient pour lui l’idéal des promenades champêtres, et quelque chose de cette façon de comprendre la nature perça dans objection qu’il présenta tout aussitôt à la jeune fille.

— Nulle part mieux qu’à Paris, lui dit-il, vous ne trouverez autant et de plus belles fleurs. Ne vous êtes-vous jamais arrêtée devant les étalages des fleuristes des boulevards ? Les saisons sont supprimées à force d’art par eux ; ils peuvent marier dans un bouquet de janvier la rose de juin au lilas d’avril, au narcisse de mai.

— Oui, certes, j’ai admiré les féeries de ces étalages ; mais ces féeries, obtenues à prix d’argent, ne sont pas à mon usage ; j’en jouis en passant, d’un regard fugitif. Ces fleurs des riches, je vous l’avoue, me plaisent moins que la plus humble des corolles qui s’ouvrent sur mon balcon. Ces plantes-ci sont à moi ; elles me donnent mille plaisirs, depuis le jour où je sème leurs graines, où je plante leurs boutures, jusqu’au moment où elles m’accordent, en retour de mes soins, les parfums et l’épanouissement de leur floraison.

— Ah ! vous avez le goût de la propriété, dit le jeune homme en souriant, et aussi le grand sens de préférer vos biens, si minimes soient-ils, aux trésors hors de votre portée. C’est là l’indice d’un heureux caractère.