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La maison notariale avait un petit jardin où les fleurs n’étaient guère représentées que par les giroflées et les iris poussés au hasard sur les murs, et par quelques rosiers étouffés entre les groseillers et les cassis. C’était un verger à vrai dire que ce petit enclos. La seule part sacrifiée à l’agrément était un berceau couvert de vigne vierge vers lequel Reine conduisit Cécile.

— Eh bien ! lui dit-elle quand toutes deux se furent assises sur le banc de bois placé au fond de la tonnelle, qu’y a-t-il donc que vous partiez si subitement ? Rien de fâcheux, j’espère ?… Ah ! vous me prenez pour une curieuse de village. Vous vous trompez… Outre que votre départ me fait de la peine, il me déconcerte. Je me figurais que vous resteriez… tout à fait. Comment vous dirai-je cela ? Vous êtes si réservée que je vous crains un peu.

— Il n’y a de réservées que les personnes qui cachent leurs secrets, répondit Cécile avec mélancolie, et je n’ai aucun secret, moi !

— Je ne suis pas de même, reprit Reine avec sa vivacité enjouée, et je vais vous dire le mien. Oh ! ne croyez pas qu’il me pèse, et que je saisisse l’occasion de m’en débarrasser en le jetant à quelqu’un qui s’en va et qui ne pourra pas le répandre dans le pays. Ce secret-là, j’en parlais tout à l’heure à ma mère, et elle me disait une minute avant votre arrivée, tout en tournant ses confitures de l’air recueilli que vous avez pu constater : « Reine, tu es une extravagante. » Mais elle a ajouté : « À dix-