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caractère était fait pour choquer l’oncle Carloman, si absolu de son côté.

Les préparatifs du départ furent hâtés, et Cécile alla faire ses adieux à la famille Limet, pendant que sa mère terminait le rangement de ses malles.

M. Limet était occupé à son étude. Mme Limet, dans le coup de feu des confitures de pêches qu’elle faisait elle-même, reçut Cécile à la cuisine, en s’excusant sur la maladresse notoire de ses servantes qui l’empêchait de quitter le fourneau.

Une buée de vapeurs flottait en flocons légers au-dessus de la bassine léchée en dessous par des langues de flamme bleuâtre qui laissaient des traînées blanches à ses flancs rebondis. Des bulles d’air éclataient à la surface de la marmelade et le rythme grondant de son ébullition faisait, à chaque tour de l’écumoire de cuivre, flotter dans le sirop roux les blancheurs des quartiers de fruits. Les joues presque aussi en feu que la braise incandescente qui pétillait dans le fourneau, Mme Limet manœuvrait l’écumoire avec gravité, et elle ne cessa pas de la tourner en rond dans la bassine pour dire à la visiteuse :

— J’irai ce soir faire mes adieux à Mme Maudhuy. Ah ! elle ne pourra pas goûter de mes pêches. C’est une mortification pour moi qui me flatte d’avoir une recette unique pour les préparer.

— Si Cécile restait à se griller, dit Reine à sa mère, ce serait sans compensation, puisqu’elle ne mangera pas de tes confitures. Je l’emmène au jardin…