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fût si empressée de la quitter ? Et si l’oncle Carloman était destiné à vivre encore plusieurs années, elle accepterait donc de gaieté de cœur l’idée d’une longue séparation ?

Quelques-uns de ces arguments se contredisaient bien entre eux ; mais les orateurs pleins de leur sujet n’y regardent pas de si près, surtout quand ils dominent et subjuguent leur auditoire. Cécile était trop triste pour observer ces contradictions. Elle faisait bien la part de ce qui venait du fonds de sa mère dans ces reproches et de ce qui était inspiré par son frère, mais elle n’avait pas même la force de plaider ses bonnes intentions et elle se bornait à répondre :

— Tout ceci me fait haïr l’argent plus que jamais. Ah ! que la vie est laide, vue du côté des intérêts matériels ! Je retournerai à Paris. Mais l’oncle va être bien seul. Pauvre oncle !

Le convalescent savait bien que cette trêve aux débats était occupée à une correspondance active entre Mme Maudhuy et Charles, et que de celui-ci dépendait la décision qu’allait prendre sa belle-sœur. Il avait trop de dignité dans le caractère pour s’immiscer dans ce qui s’agitait entre la mère et la fille, en demandant à Cécile pourquoi elle avait les yeux rouges et gonflés quand elle venait le saluer plus tard que d’habitude le matin. Il s’étudiait, au contraire, à se montrer gai ; mais il n’était pas dupe des efforts de sa nièce pour oublier les amertumes subies, et un matin que Julien les