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ne vient pas de Chicago en un jour, et l’Américain, qui mettait déjà en avant la nécessité de laisser ses affaires en bon ordre afin de se donner un bon prétexte de retard, bercerait le vieil oncle de cette rêverie de mariage aussi longtemps qu’il le faudrait. Peut-être n’aurait-il pas à jouer cette comédie pendant des années. L’oncle Carloman était bien cassé depuis son accident. Il digérait mal, ne dormait guère que grâce à des potions soporifiques. C’était un organisme en train de se dissoudre.

Après ces réflexions, Mme Maudhuy en revenait à démontrer à Cécile qu’il n’était ni convenable ni juste qu’elle demeurât à Sennecey. Quelle figure ferait-elle sans sa mère dans la maison de son oncle ? Qui lui servirait là de chaperon ? Ce ne pouvait être Mme Trassey qui habitait sous un autre toit, et la présence journalière de son fils serait une gène pour une jeune fille. Enfin la partialité visible de l’oncle Carloman pour Cécile annonçait une de ces idolâtries de grands parents qui annullent chez eux tout sentiment de justice. Restant à Sennecey, Cécile deviendrait sans s’en douter, sans le chercher, l’unique héritière de l’oncle Carloman. Quelques menus soins, des cajoleries, une docilité niaise à se prêter à des passe-temps ridicules prévaudraient contre les droits de Charles… et de Carloman Maudhuy, tous deux occupés à faire leur position par leur travail, et plus méritants par cela même.

À considérer les choses à un autre point de vue, Cécile n’était donc pas heureuse chez sa mère qu’elle