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cousin de la façon que je viens d’exposer, mais je te dois quelque chose de plus, à toi, parce que les femmes n’ont pas dans l’ordre social les facilités de s’établir qui sont le privilège des hommes, et aussi parce que je t’aime.

L’oncle Carloman prononça ce dernier mot avec énergie, tout en pressant de ses deux mains un peu tremblantes la tête de la jeune fille qui était penchée vers lui.

— Reste là, continua-t-il en lui faisant signe de s’asseoir sur un tabouret à ses pieds, et regarde-moi bien en face, que je suive la succession de tes idées sur ta figure qui ne sait rien dissimuler, Dieu merci !… et pourtant, je pourrais te reprocher de n’avoir pas été assez confiante en ton vieil oncle.

— Moi ? s’écria Cécile étonnée.

— Oui ; si ta mère ne me l’avait appris, tu m’aurais laissé ignorer que tu as un prétendu.

— Non pas un prétendu, s’écria vivement la jeune fille, mais un prétendant, et encore il l’est si peu !

— Qu’entends-tu par là ?

— Mais, reprit Cécile avec gaieté, c’est un prétendant conditionnel, c’est-à-dire un monsieur qui a cru nécessaire de nous apprendre qu’il serait aise de m’épouser quand il aura d’assez gros revenus pour entrer en ménage… si je suis encore à marier à cette époque indéterminée et si son idée, à lui, n’a pas changé.

Mme Maudhuy avança son fauteuil assez près