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avaient perdus. J’ai été taxé d’égoïsme, d’avarice.

Mme Maudhuy esquissa un geste indécis, qui tenait de la protestation et de l’embarras.

— Eh ! qu’importe, ma sœur ? J’ai laissé à l’avenir le soin de me justifier. En trouvant intacte et même augmentée la part supérieure à celle de leurs pères que leur aïeul m’avait confiée, les jeunes Maudhuy se diront que la vieille routine a du bon. Si elle n’élève pas des fortunes fantastiques sur une base… en papier, elle est honnête et conservatrice par excellence ; elle s’accroît d’économies, d’amélioration aux biens-fonds, et non de razzias sur les Jocrisses de la Bourse. Tout en prospérant, elle fait vivre des familles de colons, elle jette dans la circulation des produits de première nécessité, elle est le premier élément de la fortune du pays ; et si j’avais à mon service une seconde existence, je ne trouverais pas à l’honorer d’un titre plus beau que celui d’agriculteur. Si mes neveux ne pensent pas de même, tant pis pour eux. Ma responsabilité finira à leur égard du jour où je leur aurai laissé à se partager le dépôt de la fortune des Maudhuy.

— Espérons, dit Mme Maudhuy, que ce temps est encore éloigné.

L’oncle Carloman n’entendit peut-être pas ce vœu pieux. Cécile l’embrassait en le grondant de parler de choses si tristes.

— Voilà ma transition toute trouvée, dit-il à sa nièce, car ce préambule n’était que pour en venir à tes affaires. Je serai quitte envers ton frère et ton