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Mais il ne faut pas que je m’endorme dans ces gâteries. J’ai besoin de guérir, ne fût-ce que pour peu de temps — et qui donc, à mon âge, oserait espérer des années ? — Mais il faut que je conquière la possibilité de me mouvoir, de sortir, et la locomotion ne devient aisée que par l’exercice.

Cécile ne comprit pas d’abord où devait en venir le long préambule par lequel l’oncle Carloman débuta, après leur entrée dans la chambre où elle était en tiers entre sa mère et lui. Il résuma sa propre existence et analysa ses rapports avec les autres Maudhuy, en paraissant soucieux de démontrer qu’il avait rempli à leur égard les devoirs d’un bon parent. Cécile regardait alternativement son oncle et sa mère, ne comprenant pas la nécessité de cette apologie de la part du premier, s’expliquant encore moins les supplications mystérieuses que lui apportaient les regards de Mme Maudhuy.

— C’est à toi, Cécile, dit enfin l’oncle Carloman, surtout à toi, que cet exposé de faits s’adresse. Je tiens à ce que le passé ne puisse être dénaturé devant toi par quelque rancune contre ma justice… Quand ton père et ton oncle ont été ruinés, j’ai refusé de les aider parce que je m’étais assuré que leur actif dépassait leur passif, et que, par conséquent, le nom des Maudhuy ne serait pas flétri dans cette crise financière. Si je leur avais prêté de l’argent, ils n’auraient rien liquidé et mes capitaux, contre le vœu de mon père, auraient couru les mêmes hasards que ceux que mes frères