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regard fin, interrogateur de sa sémillante compagne.

Ce fut en vain que Mme Trassey tenta au dîner d’animer la causerie en racontant la fête des Trafforts et les incidents du déjeuner sur l’herbe. L’oncle Carloman n’en fut pas déridé, il garda sa mine de vieux juge. Préoccupée, Mme Maudhuy n’avait pas même l’esprit assez présent pour remercier Julien Trassey, son voisin de table, des menus services qu’il lui rendait. Cécile n’était pas mieux disposée à la conversation, et ce fut un soulagement pour tous les convives de ce dîner maussade lorsque le maître de la maison se leva et déclara qu’il voulait regagner sa chambre en essayant de marcher.

— Mon parrain, lui dit Julien Trassey, le docteur ne vous permet encore que cinq ou six pas de suite, et le trajet du corridor est trop long pour vos forces.

— Je veux marcher jusqu’à ma chambre, répliqua le vieillard avec l’obstination qu’il mettait à faire ses moindres volontés.

— Vous vous appuierez sur moi, mon cher oncle, lui dit Cécile en s’approchant de lui.

— Non, répondit l’oncle Carloman dont les sourcils se rejoignirent, je ne veux pas m’habituer à une douceur qui peut me manquer. Passe-moi mes béquilles que je n’ai pas encore étrennées… ton épaule ou le bras de Julien étaient si bien à mon commandement quand je voulais changer de place !