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entretien du soir dont l’occasion avait été manquée ? Cécile ne le devinait point, pas plus qu’elle ne comprenait quel intérêt avait poussé sa jeune compagne à faire saillir sous la contradiction tous les traits de caractère de Julien Trassey.

Certes, Cécile n’avait pas eu besoin des révélations de ce jour-là sur les sentiments élevés de Julien pour l’apprécier. Depuis qu’elle le connaissait elle avait pu juger qu’il n’était pas de ces hommes à l’égoïsme desquels sa conscience faisait un procès. L’affection de M. Maudhuy pour son filleul avait commandé l’estime de Cécile, qui s’était accrue de sympathie au cours de ces conversations matinales près du convalescent. Cécile s’était abandonnée sans défiance d’elle-même à cet attrait si doux aux âmes tendres, d’une communion d’idées et de sentiments, et qu’avait-elle à craindre de Julien Trassey, dont le respect allait jusqu’à ne lui adresser jamais la parole le premier ?

Mais les insinuations de Reine Limet venaient troubler Cécile dans cette douce quiétude qui était le charme de sa nouvelle existence. Elle s’interrogeait : avait-elle été attendrie, pénétrée, comme Reine l’avait constaté d’un air de triomphe ?… Eh bien, n’est-il pas naturel d’admirer des traits de générosité, d’estimer les nobles caractères ?… Malgré cette réponse que lui suggérait une répugnance à analyser de trop près des sentiments délicats, encore inavoués, Cécile rougissait par moments, comme si elle eût senti peser encore sur elle le