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loux, la laissant boiteuse. Elle n’en avait que mieux sautillé, avec des allures de jeune pie, et c’était sous bois, dans cette quête à travers les fourrés qui les avait éloignées de Julien Trassey et de sa mère, restés dans la prairie, qu’elle avait expliqué à Cécile ce que celle-ci n’avait pas compris jusques-là.

Ces confidences hâtives devaient, dans la pensée de Reine et selon sa promesse, être complétées dans la soirée ; mais le peu qu’elle avait dit, entre deux éclats de rire et en éraillant les dentelles de ses manches aux buissons pour atteindre un brin de chèvrefeuille rouge, suffisait pour rendre Cécile rêveuse.

Après avoir réparé le désordre de ses cheveux que la brise avait dispersés en légères envolées de boucles, elle restait devant la glace de sa toilette sans s’y regarder, sans même s’y voir. Son imagination lui remettait sous les yeux un coin de fourré tout embaumé de chèvrefeuille, qui bordait la chênaie de Lancharres. Le rire aux notes claires de sa jeune amie lui tintait encore aux oreilles, accompagnant ces étranges paroles :

— C’est un bien grand innocent s’il m’en veut d’avoir été auprès de vous le cornac de ses mérites. j’en renoncerais de dépit au métier de Barnum si je n’avais une revanche dans mon succès auprès de mon public. C’est vous, Cécile, que je désigne ainsi, et ne niez rien : je vous ai vue tour à tour émue, attendrie, pénétrée…

Qu’aurait pu dire de plus Reine Limet dans cet