Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouva rien de mieux, après lui avoir conté en gros sa journée de promenade, que de lui proposer pour le soir une bonne séance. C’était entre eux le mot consacré pour exprimer cette succession de griffonnages au crayon, de querelles enjouées sur la fidélité de tel ou tel attribut, qui constituait le jeu des rébus.

L’oncle Carloman hocha la tête négativement, et comme Cécile quittait le salon en annonçant qu’elle allait réparer sa toilette un peu endommagée par ses courses forestières, il dit à Mme Maudhuy qui s’apprêtait à suivre sa fille :

— Non, non, ma sœur, je vous prie de ne pas me quitter… Je me lèverais plutôt de mon fauteuil pour vous retenir. Cécile doit me donner son avis en toute sincérité, sans qu’aucune influence ait pu peser sur elle. Mon acquiescement à vos désirs est à ce prix.

L’excuse envoyée à la famille Limet n’était donc pas une défaite ? Il s’agissait vraiment d’une affaire sérieuse pour le soir ?

Cette idée préoccupa la jeune fille pendant qu’elle faisait à la hâte une toilette rendue nécessaire par ses exploits dans le bois de Lancharres. Elle en avait rapporté un gros bouquet de clématites et de chèvrefeuille sauvages, puis des branches chargées de mûres, mais au prix de quels accrocs dans sa robe de toile bleue ! Le costume élégant de Reine Limet avait reçu des avaries encore plus graves, et le talon d’un de ses cothurnes était resté entre deux cail-