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Sa mère n’avait peut-être pas su la remplacer, s’intéresser à ces babioles dont il s’occupait pour tuer le temps. Il fallait être une jeune fille comme elle, c’est-à-dire à quelques égards presque une enfant, pour se plier aux fantaisies d’un malade oisif dont le principal amusement était ce jeu des rébus à combiner, à dessiner, à deviner, qu’il poursuivait sans s’en lasser. Il y avait, dans le tiroir du meuble holllandais, plus d’une main de papier découpée en carrés dont chacun contenait un rébus, avec sa phrase explicative écrite au-dessous par Cécile. Le nombre de minutes qu’elle avait employées à en trouver le sens était mentionné en marge, de la main même de l’oncle Carloman. Il attribuait une importance étrange à la lucidité, à la rapidité de ses découvertes, l’accusait de paresse d’esprit lorsque son hésitation durait plus d’un quart d’heure, et en retour, la félicitait de ses prompts succès avec un enthousiasme digne d’un objet plus sérieux.

Cécile n’avait pas pris goût aux rébus pour être devenue par l’exercice assez habile à les deviner ; mais l’intérêt que le vieillard prenait à ce jeu, les lueurs de gaieté qu’elle surprenait sur la figure ranimée et dans la conversation de son oncle, la payaient de sa patiente assiduité à lui complaire.

L’oncle Carloman n’avait pu trouver ce jour-là un partner aussi docile dans Mme Maudhuy, qui professait très haut le mépris de cette amusette. Pour dérider la sombre mine du vieillard, Cécile ne