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dhuy qui avait voulu qu’on employât ainsi Claude Costet. Ce n’était pas là un mensonge. L’idée était vôtre, Mademoiselle ; je n’avais fait que l’exécuter.

Le bateau évoluait vers la rive. Au moment où Julien finissait de parler, le passeur accostait une grève sablonneuse et s’élançait à terre en tirant à lui la corde qu’il ne se donna pas la peine de fixer à l’un des pieux enfoncés çà et là.

— Quand vous voudrez ! dit-il dès qu’il eut attiré assez près l’embarcation dont le balancement obéissait à la traction de son bras vigoureux.

Julien Trassey présida avec sollicitude au débarquement des deux jeunes filles. Cécile sauta la première sur le sable et fit quelques pas en avant. Tout ce qui s’était dit au cours de cette promenade sur la Saône l’agitait un peu sans qu’elle s’expliquât pourquoi.

Lorsque ce fut le tour de Reine de s’aider du bras de Julien, elle lui dit :

— Je gage que vous m’en voulez ?

— N’en aurais-je pas un peu le droit, mademoiselle ? répondit le jeune homme avec une intonation de reproche.

— Mais, pas du tout. Vous devriez au contraire me remercier.

— De quoi donc ?

— Vous en êtes là ?… C’est donc le privilège des belles âmes ?… Bah ! je ne suis pas chargée de leur apprendre ce que parler veut dire, et il est plaisant que, de nous trois, je sois la seule à le savoir.