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Croyez-vous que Cécile puisse prendre en mauvaise part l’aveu de votre dévouement à son oncle ?

La barque avait dépassé le pont de Gigny dont le guet hardi domine d’assez haut la Saône pour être respecté par les débordements les plus élevés, et l’on apercevait déjà la masse feuillue du bois de Lancharres. L’entretien continuait entre les passagers sur un ton amical. Julien montrait à Cécile, sur la rive de Bresse, la longue file de peupliers qui borde la route de Saint-Germain-du-Plain, et lui désignait, en arrière, les deux villages d’Ormes et de Noiry, vaguement profilés au penchant du coteau.

— Il y a deux personnes là-bas dans la prairie qui borde le bois de Lancharres, dit tout à coup Reine Limet. Il me semble que c’est Mme Trassey qui dispose sous un saule les éléments de notre déjeuner. Ce carré blanc sur le gazon, c’est une nappe étendue, et ces paniers d’où l’on déballe des ustensiles de couvert me rappellent qu’une promenade sur l’eau est un excellent apéritif. Mais je ne sais pas quel est ce paysan qui aide Mme votre mère, Monsieur Julien. Il doit gémir d’avoir été obligé de renoncer pour notre service au festin de la grange.

— Non, il n’est plus d’âge à aimer les repas bruyants, répondit Julien. C’est Claude Costet.

— Ah ! c’est lui qui m’a parlé dans la cour des Trafforts, s’écria Cécile. Je ne l’avais pas reconnu. Que voulait-il dire en prétendant que c’était à moi qu’il devait d’être là ? Mais il me l’expliquera lui-même.

— Je ne puis pas vous renseigner sur ce point,