Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Hum ! parlez pour vous, Cécile, car M. Trassey a bien l’air de me bouder… ce qui est d’un ingrat. Je vais le rappeler et continuer ce que vous nommez mon jeu ; mais je m’y livrerai dans d’autres dispositions qu’auparavant.

Malgré Cécile qui l’en dissuadait, Reine appela le jeune homme qui abandonna sa rame au passeur et gagna l’arrière du bateau. Quand il fut assis sur la planche restée inoccupée jusque-là, Reine se plaignit de l’abandon où il laissait ses compagnes de route.

— La conversation du batelier avait sans doute plus d’attraits pour vous que la nôtre, ajouta-t-elle. Qu’est-ce que cette sorte d’uniforme qu’il porte ? Cette ceinture de laine bleue serrant sa chemise, ce pantalon garance, est-ce la tenue officielle de passeurs de Gigny ?

— Quelle question vous faites pour une personne du pays, Mademoiselle ! répondit Julien. Ce garçon-là est tout simplement en congé militaire et use par économie ses vieux effets du régiment. Si je suis resté près de lui, c’est qu’il me demandait conseil. Son temps est presque fini, et comme il a les galons de sergent, il est tenté de poursuivre la carrière militaire.

— Sans doute vous l’en avez détourné ?

— Bien au contraire. Intelligent comme il l’est, ce jeune homme rendra des services à son pays dans le poste qu’il a déjà gagné, et s’il étudie, s’il se distingue, il finira par conquérir l’épaulette.