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ces manières aisées que je n’avais pu acquérir à Sennecey. Quant à vos goûts, si je les préférais aux miens, je cesserais d’être moi même, vous concevez ? J’ai donc appris à me connaître, à savoir ce qui convient à mon naturel. L’incident de cette noce à Mâcon m’y a aidée aussi ; je me suis amusée là autant que M. Julien s’y est ennuyé. C’était pour lui une corvée que ce jour de fête ; et il a porté jusqu’au bal (où il n’a pas dansé) la mine d’un homme qui ravale ses bâillements. Moi je rêve encore des plaisirs de ce jour-là. Il n’y avait donc plus pour m’exciter à lutter contre vous qu’un petit reste d’humeur batailleuse, sans autre intérêt que de vanité. Je combattais pour l’honneur, et non pour le profit, car, en résumé, si je l’emportais, j’aurais joué à qui gagne perd. Mais votre candeur a raison de ces dernières velléités. Cécile, je vous rends les armes. Voyons ! qu’avez-vous donc à me regarder de cet air ébahi ?

— C’est que j’aurais autant compris les maximes chinoises de tout à l’heure si M. Trassey nous les avait débitées dans leur idiôme oriental.

— Il y a là un peu d’affectation, reprit Reine. Il est impossible que vous ne m’entendiez point.

— Je vois que vous vous êtes donné pour amusement de taquiner vos compagnons de promenade, l’un par des non-sens spirituels, moi, par des énigmes, et cela est assez en rapport avec votre naturel enjoué pour que nous le prenions de bonne part.