Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Reine tira de son corsage un bouquet de pâquerettes à pétales légèrement rosés qu’elle avait cueilli chemin faisant dans les prés avoisinant la Saône, et elle le fixa au corsage de Cécile en lui répondant :

— Ces fleurs vous iront mieux qu’à moi, car elles sont votre emblème. Elles ont un cœur d’or irradié de jolies blancheurs un peu rougissantes. Vraiment, elles vous ressemblent en tout.

— Vous devenez poétique, ma chère Reine.

— Parce que c’est vous qui m’inspirez. Écoutez : je vais vous faire un aveu. Pendant les premiers temps de votre séjour à Sennecey, je ne vous aimais guère. Vous me portiez ombrage.

— Moi !… Mais en me connaissant davantage, vous vous êtes donc aperçue que je valais mieux que vous ne l’aviez supposé d’abord ?

— Voilà qui est raisonné d’après votre caractère, et non d’après le mien. Mon estime n’était pas en question. Vous n’avez qu’à paraître pour que votre mérite, votre charme aimable et doux s’imposent… et ce n’était pas là mon moindre grief contre vous. Je n’avais pu me comparer à aucune autre jeune fille avant votre arrivée ou du moins les parallèles que j’avais pu établir jusque-là tournaient tous à mon avantage. Mais la comparaison de vous à moi, blessante pour mon amour-propre, m’a permis de m’étudier, de me juger, ce à quoi je n’avais jamais songé… Ne me croyez pas en proie à un accès d’humilité. C’étaient vos talents que j’enviais, et