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protégeait l’extrême frontière du duché de Bourgogne contre la rive opposée de la Saône qui était d’empire.

— Un camp romain ! dit Cécile. Mais à défaut de monuments restés debout comme témoins de temps anciens, Gigny est vénérable par ses souvenirs.

— Ils datent de plus loin, répliqua Julien qui se sentait écouté avec intérêt. Le vieux Gigny, dont l’église romane avait déjà besoin de réparations en 1119, subsistait bien avant l’invasion romaine dans les Gaules. À l’époque néolithique, Gigny était une des stations familières aux navigateurs qui remontaient les fleuves jusqu’à la mer pour aller chercher en Cornouailles l’étain nécessaire à la fabrication des instruments de bronze.

Reine se reprit à railler de plus belle ces souvenirs antiques dont aucune trace ne subsistait, sauf dans les vieux bouquins dont Julien faisait sa pâture quotidienne.

— Il paraît, dit-elle à Cécile sans s’inquiéter d’être entendue par le jeune homme, que M. Trassey prend un plaisir extrême à compulser les vieux parchemins de toutes les paroisses environnantes, et c’est ainsi qu’il arrive à savoir que dans un champ de blé, par exemple, il y avait une tour il y a six siècles. M. Trassey a tant d’imagination que, sur la foi de ses parchemins, il revoit la tour, en compte les meurtrières et admire son grand air. J’aurais beau me perdre les yeux à lire ces vieux documents,