Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ferme était occupé, les hommes, à dresser une longue table de planches sur des futailles vides, les femmes à disposer çà et là les éléments du couvert. Debout sur le char-à-bancs dételé au coin de la cour, Mme Trassey tirait des caissons ouverts une foule de paquets de formes diverses qu’elle tendait à un vieux paysan en lui disant au moment où Cécile s’approchait :

— Doucement, ceci est une tarte… Ne renversez pas cette boîte. Vous mettriez les macarons en marmelade.

— Voulez-vous que je vous aide, Madame ? lui demanda Cécile.

Mais le vieux paysan prévint la réponse de Mme Trassey en disant à la jeune fille, après avoir soulevé le coin de son chapeau de paille :

— Merci bien, Mademoiselle, je suffis à aider Mme Trassey. On m’a renvoyé de la grange sous prétexte que je n’ai pas la force d’agencer la table ; les femmes n’osent pas me confier les piles d’assiettes parce que mes mains tremblent un peu. Si Mme Trassey ne m’employait pas, je n’aurais donc rien à faire. Puisque c’est vous, mademoiselle Maudhuy, qui avez voulu par bonté qu’on me prît aux Trafforts, vous ne voudriez pas que j’y eusse l’affront de me croiser les bras et de ne pas gagner mon pain ?

— Je ne vous comprends pas, répondit Cécile.

Elle croyait voir pour la première fois ce vieux bonhomme qui lui adressait un sourire reconnaissant.