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pâle, toute ruchée de surah de la même nuance, et un chapeau enguirlandé de roses pompon. Ses gants de Suède rejoignaient aux coudes les ruches de ses manches ; le petit mouvement d’impatience qui lui faisait battre sa jupe avec le manche de son ombrelle rejettait l’étoffe en arrière et montrait ses pieds chaussés de cothurnes à hauts talons.

Cécile répondit : « Il était dans le programme de notre journée de courir les bois ; voilà pourquoi j’ai mis une robe de toile. Je vous avoue d’ailleurs que je serais fort empêchée de me parer d’un costume aussi élégant que le vôtre.

— Et pourquoi ?

— Par l’excellente raison que je n’en ai pas, dit Cécile en riant.

— Vous aller abîmer votre toilette, dit à Reine Mme Trassey avec une sollicitude de ménagère. La poussière flétrira en route les fleurs de votre chapeau et si vous allez au bois de Lancharres, vous gâterez votre robe rose.

— Bah ! j’en ai le moyen, répliqua Reine Limet en pirouettant sur ses hauts talons.

La route de Sennecey à Gigny traverse un pays plat ; mais une partie de son parcours est bordée de bois et a le charme d’une route forestière ; l’autre moitié du trajet, tracée entre des cultures, serait monotone si les larges points de vue sur la plaine qui descend en pente douce jusqu’à la Saône n’étaient variés par l’ondulation des collines de