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chaude après-midi d’août qui avait inspiré à Mme Maudhuy l’idée d’aller faire une sieste.

Allongé sur son fauteuil de malade, l’oncle Carloman abandonnait sa tête sur le dossier de cuir ; la contraction de son front et de ses lèvres, ses mains crispées l’une sur l’autre au point d’accuser le réseau des veines bleuâtres et gonflées à travers l’épiderme décoloré, témoignaient d’un effort pour lutter contre quelque assaut douloureux.

— Ce n’est pas ce que tu crois, dit-il en remuant légèrement sa jambe blessée. Ce mal n’est pas là, mais à la tête… Ne te lève donc pas pour chercher un de ces remèdes de bonne femme que ta mère excelle à proposer, et Jeanne-Marie, à essayer. Mon mal est tout moral. Je cherche quelque chose qui m’échappe, un moyen de faire un acte de justice, de prévoyance, et je ne réussis pas à le trouver… Laissons cela et causons. Dis-moi, mon enfant, as-tu du caractère ? Saurais-tu, par exemple, résister à une volonté de ton frère ?

— Cela dépend, répondit Cécile, de ce qu’il voudrait exiger de moi. Sauf en ce qui porterait atteinte à ma conscience, à ma dignité, je lui cèderais en tout afin d’avoir la paix.

— C’est ce que je pensais, murmura l’oncle Carloman, mais ta réponse est trop vague. Faisons une supposition : si je te laissais cette maison en héritage et que ton frère voulût la mettre en vente pour en avoir de l’argent comptant, le laisserais-tu faire ?