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que cet autre voyage a eu lieu en 1870. Mes plaisirs parisiens ont été alors de passer les nuits arme au bras en grand’garde aux avancées, de dormir dans la boue et la neige des tranchées avec ma compagnie de mobiles de Saône-et-Loire. Je n’aurais échangé ni alors ni aujourd’hui ces privilèges contre ceux que vous enviez… et que j’avoue ne pas connaître.

— Mais, Monsieur, comment faisiez-vous partie en 1870, des mobiles de Saône-et-Loire ? lui demanda Cécile. Mon oncle disait l’autre jour que vous étiez du même âge que mon frère, et Charles s’est employé pendant le siège aux bureaux de notre mairie, parce qu’il n’avait pas atteint l’âge de la conscription.

— Je n’avais que dix-neuf ans, en effet, répondit Julien, mais j’étais grand et fort, capable de me servir de mon fusil, ce qui m’a permis de devancer l’appel. Le souvenir de mon père, l’idée qu’il aurait repris du service s’il avait vécu, enfin le désir de faire mon devoir parmi nos gens de Saône-et-Loire, tout m’a poussé dans la garde mobile plutôt que vers un autre corps.

— Ah ! Monsieur, dit Cécile émue, vous avez été des défenseurs de notre pauvre Paris. Merci !

Ce soir-là, Reine Limet étouffa plus d’un bâillement, car la conversation se maintint entre Mme Trassey, Cécile et Julien à un diapason qui n’était pas le sien.

Elle n’était pas plus heureuse quand une fan-