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Trassey, selon elle, auraient dû éloigner le vieillard de sa famille s’ils eussent été aussi roués que Charles l’avait supposé. Au contraire, Mme Trassey était pleine de déférence envers la belle-sœur du maître de la maison ; elle l’initiait au train domestique, lui laissait ses clés quand elle sortait, la mettait en garde contre les traits de caractère du malade, palliait au besoin les maladresses qui échappaient à la Parisienne, peu au fait des partis-pris qu’adoptent les vieillards déshabitués de toute contradiction. Quant à Julien, Mme Maudhuy ne le voyait que le soir ; elle ne se levait pas d’assez bonne heure pour assister à ces causeries matinales qui, d’un accord tacite, se renouvelaient autour du fauteuil de l’oncle Carloman.

Cécile trouvait toujours Julien occupé à inscrire des chiffres sur ses registres ou à faire à M. Maudhuy un rapport verbal de la journée de la veille. Les affaires n’étaient pas interrompues par l’arrivée de la jeune fille qui s’asseyait et travaillait à des pantoufles en drap brodé que le blessé devait trouver prêtes à chausser au jour trois fois heureux où il pourrait poser ses deux pieds à terre. Mais quand les registres étaient clos et les ordres donnés, quelles bonnes causeries à trois s’établissaient dans cette chambre de malade ! Le vieillard y portait comme appoint un tour d’esprit caustique, une verve bourguignonne qui s’éveillait peu à peu et finissait par s’échapper en traits bouffons. Cécile y mettait la gaieté de ses vingt ans, et le naïf enivre-