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et mon parrain est si grand ami de la vérité que j’avais à craindre qu’il les indiquât.

M. Maudhuy souriait de les voir s’essayer aux rapports cordiaux qu’il souhaitait voir s’établir entre eux.

— Cette discussion, dit-il à sa nièce, est à ton sujet. D’abord, comment t’es-tu trouvée dans ta chambre ?

— À merveille ; mais vous êtes un magicien, mon oncle, d’avoir deviné que mon rêve était une chambre tendue de perse à branchages peuplés d’oiseaux.

— Bah ! les vieux sorciers n’ont pas des idées assez fraîches pour deviner les goûts des jeunes personnes, répondit l’oncle Carloman. Je récuse un compliment qui ne me revient pas. Mais voici le sujet de la discussion ; j’avais donné carte blanche à Julien ; pourtant, malgré son insistance, je n’avais pas consenti à faire trimballer de Châlon ici un piano de location avant de savoir si c’était nécessaire. Julien était persuadé que ce délai était inutile. Je tenais bon et voilà sur quoi nous nous sommes querellés. C’est toi qui vas nous juger. Qui avait raison de nous deux ? Ta mère a-t-elle dépensé de l’argent pendant dix ans pour que tu aies le droit de répondre si l’on te demande un air : « Je ne sais rien par cœur… je n’ai rien dans les doigts ? »… En un mot, que tu aies ou non appris la musique, est-ce que cela servira à quelque chose ou… à rien qu’on apporte ici un piano ?