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cour sablée devant la maison, et son attention fut attirée par la bordure du linaire à mille fleurs lilas encapuchonnées dont les brindilles retombaient çà et là.

— Bonjour, Mademoiselle, vous êtes bien matinale pour une parisienne ! lui dit Mme Trassey qui traversait la cour.

Après lui avoir rendu son salut cordial, la jeune fille lui répondit :

— Quel est le nom de cette petite plante, et comment la cultive-t-on ? est-elle rare ?

— Rare ? Non ; elle pousse d’elle-même dans les creux des vieux murs, entre les pavés. Julien vous dirait son nom botanique, mais ici on la nomme Ruines de Rome. Il paraît qu’on la trouve à profusion sur les vieux monuments de Rome, et c’est de là que lui vient son nom vulgaire.

— La graine doit être contenue, reprit Cécile, dans les petites capsules roses qui se dressent au-dessus des feuilles. Tiens ! il y en a aussi de bleues, de noirâtres, et d’autres, d’un gris-poussière. Ces couleurs diverses doivent être dues aux divers degrés de maturité… Vous riez, Madame ?

— Oui ; le grand sérieux que vous mettez à étudier ces brins d’herbe me rappelle mon fils qui examine chaque nouvelle plante, et les cultive toutes avec passion. Il parle de leurs habitudes, de leurs goûts, de leurs répugnances de voisinage, comme s’il parlait d’êtres raisonnables.

— Ah vraiment ? Eh bien, M. Julien a raison.