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devoir de sa fille, de son gendre, de traiter honorablement ce vieillard ? Ah ! que ces questions d’intérêt sont odieuses ! elles corrompent les sentiments les plus sacrés.

— Il en est ainsi de notre temps, ma petite, dit l’oncle Carloman avec beaucoup de sang-froid. La poussée des appétits matériels est si forte qu’elle culbute à terre tout ce qui la gêne. Claude Costet a été niais d’abandonner de son vivant le coin de terre qu’il possédait. Je lui ai dit alors qu’il ne fait pas bon se déshabiller avant de se coucher ; il ne m’a pas écouté. Mal lui en prend.

— Comment va-t-il être soigné, ce pauvre homme ? dit Cécile.

— Fort bien, car j’y veillerai, mademoiselle, répondit Julien. Le gendre de Claude Costet est un des vignerons de mon parrain. Les conventions faites avec lui sont annuelles ; je le menacerai, au nom de M. Maudhuy, de lui préférer un concurrent pour l’année prochaine s’il ne traite pas son beau-père comme il sied.

— Et c’est en invoquant son intérêt que vous obtiendrez de lui qu’il fasse son devoir ? Ah ! que c’est triste, monsieur ! s’écria Cécile avec l’indignation d’un cœur généreux.

— Raisonne, mon enfant, dit l’oncle Carloman. Si la cupidité est son côté sensible, n’est-ce pas par là qu’il faut l’attaquer ?

La conversation se maintint sur ce sujet que M. Maudhuy se plut à pousser à fond pour faire