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Occupée de son propre trouble, elle ne songea pas à se moquer de celui de Julien, ni même à rire de la saillie de son oncle qui était une épée à deux tranchants, frappant à droite et à gauche avec une égale précision.

— Ah çà ! nous n’allons pas être moroses et garder ainsi le nez dans nos assiettes, reprit M. Maudhuy, mécontent du silence qui s’établissait. Avant que nous passions à des sujets plus gais, donne-nous des nouvelles de Claude Costet, Julien.

— Le docteur l’a pansé devant moi et m’a dit que j’avais été en chirurgie ce que sont les novices en toutes choses, trop zélé. J’ai taillé un peu trop profond ; ce pauvre Claude devra rester au lit une quinzaine pour guérir de mon opération… Voilà le pire avoué, mais il est sauf de tout danger.

— Il n’en est pas moins heureux pour lui que tu aies passé par là quand il était encore temps. J’espère qu’il ne t’en voudra pas pour l’avoir trop radicalement sauvé. Mais quelle idée a eue ce vieux Costet d’aller glaner si loin ? il devrait laisser les glanes à plus pauvre que lui.

— Vous oubliez, mon parrain, dit Julien Trassey, que Claude a donné son petit bien à sa fille, en la mariant. On prétend que le bonhomme n’est pas très bien traité chez son gendre. Il n’est donc pas étonnant qu’il s’ingénie à n’être pas à charge, et à rapporter quelques petits profits au logis.

— Mais, monsieur, s’il a donné son bien, s’écria Cécile. N’eût-il même rien donné, n’est-ce pas le