Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Trassey ; vous le verrez arriver d’ici à peu de temps. Je sais où il est.

— Toi !… Vous ! mademoiselle, s’écrièrent en même temps l’oncle Carloman et Mme Trassey.

— Oui, je le sais, bien qu’il ne me l’ait pas confié. Y a-t-il loin d’ici à la maison de M. Cruzillat ?

— Cinq minutes de chemin, dit Mme Trassey.

— En ce cas, votre fils n’est plus là, madame ; il se trouve en ce moment chez Claude Costet.

— Et d’où connais-tu Claude Costet, toi qui n’es pas venue à Sennecey depuis huit ans ? demanda l’oncle Carloman.

Cécile finissait de raconter la rencontre qui avait retardé l’arrivée à Sennecey lorsque Julien rentra. Il ne se fit pas prier pour prendre place à table ; mais il laissa voir un peu d’émotion lorsque Mme Maudhuy lui apprit que Cécile avait deviné le motif de son absence. Il voulut remercier la jeune fille d’avoir compris sa sollicitude pour le paysan blessé, mais il s’embrouilla dans son action de grâces et se troubla au point de la laisser inachevée.

— Et dire que ce garçon-là se croyait la vocation militaire sur la foi des épaulettes de son père ! s’écria l’oncle Carloman mis en gaieté par cet incident. Cet artilleur manqué prend peur pour un éloge qui lui vient d’une jeune fille.

Ce fut le tour de Cécile d’être embarrassée. Ces derniers mots lui révélaient qu’avoir deviné où était Julien, c’était chez elle une intuition peut-être trop prompte du bon cœur de ce jeune homme.