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lien serait à sa vraie place à la ferme des Trafforts pour y diriger les travaux de la nouvelle bâtisse et surveiller de plus près les moissons. Puisque nous avons le malheur de porter ombrage à vos neveux, il vaudrait mieux leur laisser la place libre… Ne vous emportez pas, monsieur Maudhuy, vous m’ôteriez mon courage à vous parler. Mais vraiment notre situation ici est difficile.

— Pourquoi ? comment ? demanda le vieillard en frappant de ses deux poings amaigris sur les bras de son fauteuil.

— Oh ! monsieur, c’est plus aisé à comprendre qu’à expliquer. Ce n’est pas la faute de vos parents de Paris ; ce n’est pas la nôtre non plus ; mais nous occupons chez vous la place qui leur appartient, et c’est ce qui rendra nos rapports délicats. Voilà pourquoi Julien voulait s’installer aux Trafforts. À l’égard du monde, les travaux à surveiller seraient une raison suffisante. Moi j’irais tenir le ménage de mon fils après être restée ici deux ou trois jours pour apprendre à Mme Maudhuy les habitudes de la maison et le maniement des clefs.

— Ah ! fit le vieillard en tendant l’oreille du côté de la fenêtre entr’ouverte, j’entends venir une voiture… Écoutez mon dernier mot, Jeanne-Marie, et répétez-le à Julien j’ai besoin de vous deux ici, maintenant plus que jamais.

— Pourtant, monsieur…

— N’attendez pas que je vous expose mes raisons. Quoique vous me trouviez changé, je ne le suis pas