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célébrer avec nous… Oui, c’est involontaire ; je n’ai jamais pu ouvrir un télégramme sans un battement de cœur. C’est une série de dépêches qui, en trois jours, — il y a longtemps déjà, — porta la ruine dans notre maison. Enfin, c’est par un télégramme que j’ai appris que j’étais veuve, et vous, mes enfants, orphelins…

Charles Maudhuy s’agita sur sa chaise. Ces détails oiseux, ces explications d’un sentiment féminin, l’impatientaient ; mais sa sœur, qui était assise à table entre lui et M. Langeron, fut plus sensible à ce rappel d’un triste passé. Elle se leva, vint embrasser sa mère et retourna vers sa place avec la même grâce muette.

— Enfin, poursuivit Mme Maudhuy, je ne puis me défendre d’une sorte de superstition contre les nouvelles que m’apporte le télégraphe.

— Peut-être celles-ci te feront-elles changer d’avis, lui dit son fils avec un singulier sourire, mêlé d’espoir et d’anxiété.

— Tu sais donc d’avance ce que contient cette dépêche ?

— Comment le saurais-je ? Mais le sang me bout sous les ongles d’attendre ainsi.

Charles Maudhuy joignit le geste à la parole. Il allongea le bras par-dessus le couvert d’Albert Develt, placé à la gauche de Mme Maudhuy ; il prit la dépêche, l’ouvrit d’un geste si brusque qu’elle en fut déchirée au coin, et tout en murmurant :

— C’est cela…, c’est bien cela !