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La jeune fille courut soutenir le buste du patient en s’agenouillant derrière lui, et, n’ayant pas d’autre moyen de le secourir, elle agita l’air avec sa main devant la figure blême du vieillard dont les yeux à demi ouverts ne montraient plus que le blanc des prunelles noyées de larmes.

— Eh quoi ! qu’y a-t-il ? dit Julien qui, tout occupé des derniers soins du pansement, avait attribué le mouvement soudain de Cécile à sa hâte de fuir un spectacle répugnant.

Quand il releva la tête et qu’il l’aperçut ainsi penchée vers le vieillard moitié évanoui qu’elle soutenait, il lui fit amende honorable dans son cœur, et, peu habitué à cacher ses impressions, il lui avoua ce qu’il avait pensé.

— Monsieur, dit Cécile, vous avez de l’arnica dans votre pharmacie ?

— Oui.

— Alors, nous pouvons soulager notre malade. Courez vers la voiture. Il reste une demi-bouteille d’eau et du sucre dans notre panier de voyage. N’oubliez pas le verre. Vite, monsieur !

Julien obéit, et quand le vieillard, ranimé par leurs soins, eut avalé avec un peu d’effort la boisson salutaire qu’on lui avait préparée, il dit, en regardant la jeune fille :

— C’est bien la nièce à M. Maudhuy, cette belle demoiselle-là ?

— Oui, père Costet, dit Julien.

— Oui, oui, continua le vieux paysan, vous n’avez